Samedi dernier, j’ai exploré la rive sud, de l’autre côté de l’eau comme on dit là-bas. Je voulais fouler le sol de la pêcherie traditionnelle de Corsept, inaugurée il y a un an par la commune, qui la loue toute l’année au port de la Maison verte. Le temps était superbe, le soleil écrasant, c’était mortes eaux et les oiseaux picoraient nombreux sur les vasières : avocettes, tadornes, huîtriers, courlis… Sur les ruines d’une ancienne pêcherie reposait une belle brochette d’échassiers – héron cendré, héron garde-boeuf, aigrette garzette – aux côtés des intrus cormoran et goéland. Au loin a décollé le Beluga d’Airbus, un gros avion cargo qui transporte des fuselages et autres pièces de puzzles aéronautiques. On voit souvent planer sa silhouette caractéristique dans le ciel changeant de l’estuaire. Je ne me lasse pas d’observer en vol ce sosie aérien du cétacé, qui semble toujours trop chargé.
J’ai été séduite par la pêcherie communale, et je ne suis pas la seule, puisqu’elle a été louée 88 fois depuis le début de l’année, le temps d’une marée (moyennant 30 euros). Sa silhouette à elle m’évoque celle d’une araignée dont le carrelet serait la toile. Il n’est pas difficile de relever ce large filet carré qui capture bien souvent des mulets, des anguilles et des poissons plats.
Cinq cents mètres en aval, l’Observatoire des géants industriels a dépaysé mes jumelles. Une table d’orientation très bien faite décrypte le paysage industriel complexe et touffu qui s’offre à nos mirettes, rive nord. On comprend enfin le rôle précis des nombreux terminaux : l’un pour le charbon, l’autre pour les denrées agricoles… Et les gros cargos de filer sur l’eau. C’est précisément en contrebas que passera bientôt l’itinéraire de la Loire à vélo.