Toujours happée par Nantes. Je vais finir par y demeurer, au sens rester dans une demeure. C’est désormais une question de mois. En attendant, c’est la saison du Voyage à Nantes et ce bel été (ou mon manque patent d’objectivité) fait que c’est un bon cru. Hier soir, nous avons testé un dîner du Goût des autres. Une chance, après la cuisine tchétchène, que Marie a expérimentée sans grande conviction, c’était le tour de la cuisine thaïe, une valeur sûre. Assis autour d’une solide table en bois de douze places, nous nous sommes régalés avec un bon muscadet de chez Bruno Cormerais. Malgré le grand nombre de convives, quasiment trois cents, l’ambiance était conviviale et tout le monde a applaudi à la fin. Une bénévole de l’association éponyme est venue nous expliquer leur démarche : soutenir et réinsérer des personnes sans papiers en valorisant leurs savoir-faire culinaires. Toutes les nationalités représentées (Azerbaïdjan, Algérie, Guinée, Turquie, Arménie, Côte-d’Ivoire, Kosovo, Albanie, Comores, Pérou, Afghanistan, Inde, Géorgie) concoctent ainsi des repas à la demande pour des groupes à partir de vingt (particuliers, entreprises…). Certains restaurateurs engagés leur prêtent leurs cuisines et leur matériel, mais les cuisinières interviennent aussi à domicile. Je trouve l’idée très séduisante.
La nuit a fini par tomber sur l’île de Nantes, laissant s’enflammer les Anneaux de Buren et le Lunar Tree blafard de la butte Sainte-Anne, en grande discussion avec un timide croissant de Lune. Pendant ce temps-là, sur la place du Bouffay devenue minérale, les petites figurines tristes et intrigantes d’Isaac Cordal continuaient à s’affairer sur leur île de gravats. A l’image d’une ville et de ses îles en perpétuel renouveau.