C’est émouvant de boire un vin plus vieux que soi. Pas de beaucoup (1971), mais plus vieux tout de même. Dégusté lors d’une verticale à la Maison des vins de Loire, samedi midi, ce vouvray présentait une robe à la brillance particulière typique des vieux vins de la région. J’avoue que ce n’est pas celui-ci que j’ai préféré. L’année 1971 n’a d’ailleurs rien d’exceptionnel (hormis la naissance d’Aurélie) contrairement à celle de 1976, qui incarne le premier grand millésime de sécheresse vinifié en Loire. Or, à cette époque, on ne maîtrisait pas aussi bien les vinifications. Les vignerons ont donc dû s’adapter. Il en ressort aujourd’hui un vin à la belle couleur dorée, au nez de champignon et de cire d’abeille. Un vrai chenin vieilli, en somme.
Quant à cette année 2011, elle ne sera a priori pas propice au passerillage et au botrytis, qui sont les deux mamelles des grands moelleux, si j’ose dire : trop de chaleur au printemps, pas assez cet été, des raisins qui ont failli pourrir… et là je ne vous parle pas de pourriture noble. Alors que 2009 est une année de grande garde. Rendez-vous compte : un bonus de 113 heures d’ensoleillement par rapport à une année moyenne en Val de Loire.
Je vais tâcher d’en tenir compte dans la gestion de ma cave à vin, d’autant plus que j’ai enfin trouvé un livre de cave à ma convenance. Il vient de sortir (16 €) sous la forme d’un carnet vieilli (lui aussi) et n’impose pas, comme certains concurrents, d’avoir dans sa cave des vins de tous les vignobles du pays. Après les miscellanées d’usage (nomenclature et contenance des bouteilles, lexique de dégustation, températures de service…), les pages vierges sont toutes identiques (appellation, millésime, producteur, date d’entrée, prix d’achat, date idéale de dégustation…). Le tout, et c’est toujours le risque avec moi, c’est de ne pas boire le vin avant même qu’il ne soit répertorié. C’est décidé, demain je ferme boutique pour inventaire !